La science n’est pas fille du seul étonnement, du désir de savoir, elle naît aussi de la volonté des puissants. La lumière de la raison a sa face cachée, sombre et violente : le Chiffre ne serait rien sans le Songe. Les machines qui nous servent à faire et à défaire notre monde dérivent de la soif de conquête, du désir de pouvoir sur les hommes et les choses, de l’orgueil et de la déraison. Pas de progrès dans le savoir qui ne soit lié à la volonté d’un prince. Pas de révolution scientifique qui ne trouve ses racines dans une institution chargée par un souverain de développer la connaissance. La grande révolution scientifique, issue du doute épistémologique introduit par la découverte de l’Amérique, a transformé selon ce processus notre vue du monde figée depuis quinze cents ans. C’est cette dialectique du savoir et du pouvoir que retrace ici Jacques Blamont, physicien, astronome, inspirateur de la politique spatiale française. Plus qu’une présentation des théories scientifiques, des génies et des sans-grade qui ont fait le savoir moderne, ce livre est une généalogie de l’âme humaine, une vaste fresque, lumineuse et terrible. Et si la science, par-delà le bien et le mal, était l’un des ressorts de l’histoire ? Jacques Blamont est membre de l’Académie des sciences de France, des États-Unis et de l’Inde. Professeur émérite à l’université Paris-VI, il est conseiller du président du Centre national d’études spatiales (CNES).