« L’argent est la seule création culturelle qui soit de pure énergie, qui se soit complètement abstraite de son support matériel, n’étant plus qu’absolu symbole. Il est le plus significatif des phénomènes de notre temps dans la mesure où sa dynamique a envahi le sens de toute théorie et de toute pratique. » La Philosophie de l’argent de Georg Simmel, dont la première édition parut en 1900, suivie d’une édition augmentée en 1907, a donné à la sociologie, au moment même où elle naissait en Allemagne, un tour très particulier. Comme le marxisme Simmel traite du capital et du travail ; comme Max Weber il traite des formations sociales et des forces morales qui les portent. Mais il le fait en des termes qui, tout à la fois, sont profondément marqués par le contexte spirituel de l’époque – en particulier la « philosophie de la Vie » – et qui ont révélé toutes leurs potentialités critiques en ce qui concerne l’interprétation de la « vie moderne ». Les cinq textes de ce recueil portent précisément sur le rapport entre l’argent et « l’économie de la vie ». Il ne s’agit nullement de parega mais, dans l’optique de la sociologie de la culture dont Simmel est le fondateur, d’études qui permettent d’appréhender l’ensemble de sa pensée et qu’il a d’ailleurs en partie intégrées à certaines de ses publications majeures, et notamment à son ouvrage-testament Lebensanschauung.