L’héritage légué à Lucienne, née Dupas, c’est d’abord l’œuvre encore inédite de son grand-père, écrivain de génie inspiré par la vieille tour médiévale dont les ruines se dressent près de chez lui. Outre deux précieux manuscrits, la jeune femme a aussi hérité de toute la sensibilité intellectuelle, artistique et morale du vieil érudit. Un héritage pour elle bien plus substantiel que celui, chimérique, de cet autre aïeul, aventureux personnage devenu en Inde, paraît-il, aussi riche qu’un rajah.
Mais hélas, la vie de Lucienne devient un drame lorsque, influencée par la société bourgeoise de sa petite bourgade limousine des années 1870, elle cède trop facilement sa main à Pierre Vignollet. Très vite, le séduisant jeune homme se révèle bouffi de sottise et de fatuité, affligé d’un mauvais goût criard, dupe de ses associés en affaires, brutal dans sa grossièreté, sa cupidité et son ignorance péremptoire, et n’ayant de cesse, sans en avoir conscience, de piétiner ou de dévoyer tout ce que chérit Lucienne.
À la naissance d’Henri, leur fils, Lucienne découvre qu’un héritage peut être aussi une malédiction, car le père semble avoir légué tous ses défauts à l’enfant. Pierre, qui entend bien façonner son fils à son image, est ravi, tandis que Lucienne redoute le pire pour l’avenir de son rejeton. Avec l’énergie du désespoir, la mère, qui jusque-là a accepté son sort avec résignation, va s’efforcer de déjouer la fatalité.