« Il en arrive malheureusement souvent ainsi dans nos campagnes. Les fils des paysans désertent la terre maternelle. Poussés par l'appât du gain et le goût des plaisirs, ils émigrent vers la Ville dont ils ont entrevu le mirage dans leurs rêves. La Ville les enveloppe dans ses tentacules et aspire leur sang généreux. Alors, épuisés, la nostalgie du sol natal s'empare d'eux ; ils tendent leurs bras affaiblis vers le vieux clocher dont les carillons ont égayé leurs dimanches, et ils reviennent flétris, consumés, inutiles, trébucher sur les humbles seuils toujours hospitaliers aux enfants prodigues ! » L'Épervier, c'est l'histoire de Félix Charrier qui, au début du XXe siècle, quitte la ferme familiale pour tenter fortune à Paris. Deux bras en moins, deux mauvaises saisons, et le père Charrier fait faillite et doit vendre la ferme. Atteint de la tuberculose, Félix doit revenir auprès de la terre natale, aux confins du Berry, du Bourbonnais et du Nivernais. Il devra faire face à sa maladie et à la misère de sa famille. Écrivain de la terre, Hugues Lapaire nous livre dans L'Épervier la misère des simples dans nos campagnes au début du XXe siècle. Il soupçonne déjà aussi les mutations auxquelles seront confrontés les villages face au départ des fils vers la ville. L'auteur a écrit ce livre avec beaucoup de naturel, souhaitant d'abord mettre en avant un certain réalisme social ; le tableau de la paysannerie n'est pas idyllique. Une secrète fantaisie se mêle au drame et lui donne un accent curieux. Un tableau dressé par la plume du poète.