Parce que nous sommes aux États-Unis à l’heure des fusées interplanétaires, il ne s’ensuit pas que la vie en province ne soit pas rongée — comme ailleurs, comme jadis — par l’ennui et la médisance. La petite ville de Maplewood, aux abords d’une forêt et d’un grand lac de Nouvelle Angleterre, n’échappe pas à la règle. La famille de l’architecte Elias se désagrège lentement dans ce climat de pharisaïsme mondain. Le fils Colin — jeune médecin timoré et falot — vient de se fiancer avec Mary, issue d’une famille à l’aigre puritanisme. La fille, Clara, se consume dans l’attente de son fiancé, un journaliste en mission au Congo. Elias lui-même se détache de plus en plus de sa femme, Ivy, dont il n’ignore plus le cœur sec et l’esprit étroit, et s’accroche à l’amitié d’un demi-clochard, Jeff, dont la générosité et l’indépendance sont un perpétuel sujet de scandale pour la ville. Une lutte acharnée va se dérouler entre Ivy et Jeff au milieu des réunions de bridge, fêtes de charité, pique-nique et autres manifestations de la vie mondaine de Maplewood. Dans ce premier roman, Jeannine Ségelle a su, avec une étonnante maîtrise, nous faire découvrir un coin de province américaine qui nous semble étrangement familier et créer l’image inoubliable d’un homme vieillissant en proie à ces trois démons : le désespoir, la solitude et le regret d’un amour perdu.