Un cri.
Claude Ponti est unanimement considéré comme un de nos principaux déchiffreurs actuels de l'imaginaire. Ses livres sont des labyrinthes, où images et textes se conjuguent dans des explorations magiques – quel enfant se lasserait qu'on les lui lise ?
Mais dans son oeuvre d'auteur jeunesse, on devine, on sait, la présence d'harmoniques plus terribles, elles en sont les tenseurs, qu'on soit beau ou laid, aventureux ou inquiet, prodige de langue ou amoureux de cailloux, la vie et la mort dansent en arrière, le rire et le rêve vous tiennent la main au devant.
Ici, c'est le cri brut, une rage au dedans. Le monde ne nous convient pas. On n'aime pas qui porte atteinte à l'harmonie de la terre. Ceux qui tuent, qui écrasent, qui méprisent.
Mais ce monde, que nous avons reçu en partage, nous en assumons ensemble le destin. C'est presque la haute crispation des prophètes de la Bible. C'est un poème, un appel. Il n'y a pas un mot superflu, dans ces récurrences terribles.
Qu'on pense au terrorisme, aux jeux absurdes du pouvoir et de la guerre, qu'on pense à la maltraitance et au viol des enfants (ceux qui ont lu Les pieds bleus y trouveront des caves secrètes), la mécanique d'amour et d'espoir, sous la colère et même la vengeance, tout cela est convoqué et secoué.
Vous avez une dette à Claude Ponti, pour le bonheur qu'il nous donne, ou nous permet de donner : s'il vous plaît, ne passez pas à côté de cet avertissement, de cet appel, de ce cri.
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