Le P.S.U. est-il un « fossile », témoin de l’existence d’un socialisme, autrefois à la mode, à l’extrême gauche de l’échiquier politique français, tel celui de Jean Jaurès, ou celui de Jules Guesde, ou bien est-il un « germe », et annonce-t-il le socialisme de demain ? Les membres de ce parti, en tout cas, bien que se référant fréquemment à l’un ou l’autre des auteurs cités ci-dessus, sont conscients qu’ils ne pourront pas trouver les réponses aux problèmes qu’ils ont posés dans les œuvres de ces éminents précurseurs. Ils savent, surtout, que la société socialiste à laquelle ils aspirent, n’a existé nulle part. C’est pourquoi ou bien le P.S.U. est lui-même un précurseur, ou bien il ne sera rien. Il est possible que les efforts de cette minorité, qui se réclame du socialisme, mais qui le « sent » plus qu’elle ne le définit, ne réussissent pas à réaliser la transformation de la société française, à base capitaliste, en un régime où les chances de succès seraient égalisées au maximum, dans le respect de la personne humaine. Le P.S.U. aura été alors une société de pensée, une école de formation politique, la mauvaise conscience de notre époque. Même ainsi limitée, sa tâche pourra être jugée méritoire ; mais, enfin, ce n’est pas là le but recherché par un parti politique. Ou bien, dans une première phase, le P.S.U. jouera ce rôle mais, dans un avenir plus lointain, il constituera le noyau d’un regroupement qui, réunissant, sur un programme socialiste, tous les courants de gauche, luttera pour conquérir le pouvoir et réaliser les aspirations de la classe salariée — c’est-à-dire, en définitive, pour modifier, dans un sens socialiste, les actuelles structures de la société française : il deviendrait alors, selon le vœu de ses militants, le promoteur des lendemains qui chantent.